Conservation et étude
des arcs Antiquité et Moyen Âge
 

Grâce à toutes ses recherches qu'il a mené en relation avec les différents musées du monde entier, Blaise Fontannaz a pu observer après la préhistoire, la nette progression des techniques de fabrication et des performances des arcs en bois massifs puis composites.
Des évolutions majeures ont eu lieu depuis la fin du néolithique et début de l’âge du bronze. Les deux principaux types d'arc qui se sont alors répandus en Europe, sont l'arc droit et l'arc à double courbure réflexe.

Employé pour la chasse et la guerre, l'arc droit en if a été le plus courant car le plus performant, notamment en Europe.
En effet, par sa particularité quasi unique, l’if possède un bois d’aubier souple, remplissant le rôle d’extension naturelle, indissocié de son duramen bois de cœur (dur et nerveux) , remplissant le rôle de compression naturelle.

Quand les branches ou arbres entiers sont abattus à la bonne période de l’année (lune noire d’hiver), le bois hors sève en est plus dense et résistant. De surcroît, choisi avec une forme “réflexe” (naturellement courbée dans le sens opposé à la corde), l’arc sera d’ autant plus nerveux et sa résilience de forme retrouvera une meilleure position originelle.

La forme simple de cet arc droit, bandé en demi-lune, demeurera la plus répandue jusqu’ à nos jours et dans le monde entier, car facile à fabriquer, elle suffit à la chasse et à la défense des clans.
 

 Arc Morgex (collection prestige) 


 Arc Morgex (collection prestige) 


Le deuxième type et forme d’arc reconnu dès l’âge du bronze, est la forme “double réflexe”. Sans doute évoluée pour des performances accrues qu’il confère à un arc, mais surtout à des bois autres que l’if et qui ont davantage tendance à perdre leur résilience de forme (importante “prise de corde”).
Avec un judicieux mais simple assemblage au niveau de la poignée pour contraindre les branches légèrement réflexe et les extrémités des branches de surcroît recourbées réflexes par un choix naturel ou un procédé manuel (à chaud), cet arc double réflexe sera, pour un temps, le concurrent de l’arc droit en if, en Europe.
(Cytise méditerranéen/égyptien, micocoulier, caroubier,tamarix, etc.)
 
Sur le Pourtour méditerranéen, l’Orient, l’Asie, les civilisations conquérantes adopteront ce model performant jusqu’à le perfectionner en le fortifiant de corne et de tendon (Egyptien/Hyksos, Sumériens, Assyriens, Scythes, Perses, etc.).
De l’arc simple de chasse, cet arc composite pouvait alors percer les nouvelles armures fortifiées des guerriers et sera encore perfectionné en lui greffant (bois rapportés) une courbure accentuée et propulsive sur ses deux extrémités.
Ce sera la naissance de l’arc à “triple courbure” (Orient, Asie) qui ravagera davantage de peuplades que toutes les guerres modernes du 19et 20 siècles réunies.
 


 Arc à double courbure réflexe,
Model du haut : “Bourgogne-Bourgeois”(17ème) en cytise avec poupées en ivoire.
Model du bas : reconstitution en lamellé-collé, cytise 4 plis, la corde ne touchant pas l’arc bandé.


En retard de quelques siècles sur les civilisations proches et orientales, notre Europe méditerranéenne, dotée largement des arcs simples en if, connaîtra les arcs à double courbure par l’intermédiaire partiel de la civilisation celtique, d’origine “indo-orientale”.
Le cytise en est le témoin méditerranéen, de l’Egypte aux Alpes , en passant par l’Isle grecque de Kytisos, ou encore par le Maroc, cet arc crétois ou encore mauresque , imprégnera aussi l’ archerie européenne.

L’arc en cytise de type “Bourguignon” par appellation, en sera le digne héritier, grâce aux implantations endémiques du cytise créées par l’homme, dans les Préalpes et jusque dans le nord de la Suède/Norvège. Il deviendra le concurrent du longbow anglais au 15 ème, et pendant les premiers concours du 19 et 20ème opposant les Anglo-Saxon (UK et US), équipés de leurs longbow en if devenus légendaires face aux européens équipés de quelques arcs de type Bourguignon, en if ou en cytise.

Lors de ces confrontations, les Anglo-Saxons dénommèrent ce type d’arc à courbures élégantes dont la corde ne touche pas l’arc, mais oubliés par la plupart d’entre eux, le “ Continental Longbow”. (à consulter dans l’histoire de l’ humanité dans la première partie du traité de facture d’ arc).
 
 
 Reconstitution de pointes de flèches en acier forgé trempé, datant du début à la fin du Moyen Age 
 
 
Longbow de guerre “1415” Azincourt ,en Taxus Baccata, 205cm /120#
 
Flèches Azincourt en cyprés, plumes naturelles, nock corne, pointes forgées.